24/11/2025
UE - HAUTS-FOURNEAUX EN VOIE D'EXTINCTION, COMMENT LA GÉOGRAPHIE DE L'ACIER SE MODIFIE
Le Green Deal de Bruxelles, la concurrence asiatique et l'industrie en crise : presque chaque mois en Europe, un haut-fourneau ferme ses portes, coincé entre les réglementations environnementales de Bruxelles et la concurrence asiatique. Tarente (EX-ILVA - Italie), est loin d'être la seule à connaître un tel déclin.
Aujourd'hui, dans l'Union européenne, explique la base de données du Boston Consulting Group, il y a 25 usines à cycle complet : celles où l'on part du minerai de fer, où l'on passe par le haut fourneau alimenté au charbon de coke et où l'on arrive à l'acier. Il y a seulement dix ans, il y en avait environ deux fois plus, et au cours de la même période, la part de la production européenne dans l'acier mondial est passée de 10 à 7 %.
Très polluants (pour une tonne d'acier produite, ils émettent en moyenne environ deux tonnes de CO2, alors que les fours électriques en émettent trois quintaux), les hauts-fourneaux sont voués à disparaître du paysage européen d'ici à 2050, date à laquelle l'objectif est d'éliminer totalement le CO2.
Mais dès cinq ans, avec la réduction des quotas gratuits accordés jusqu'à présent à l'industrie sidérurgique par la réglementation européenne taxant les émissions nocives, leur sort est scellé.
Les sidérurgistes nationaux et européens contestent le Green Deal européen, qui grève leurs produits, et pointent du doigt la concurrence chinoise, qui ne paie pas de taxes sur la pollution : en effet, alors qu'en Europe, ils meurent en vieux dinosaures, en Chine, les usines à cycle complet se taillent la part du lion. En septembre dernier, les données du Global energy monitor en dénombraient 235 sous le drapeau de Pékin.
Si la concurrence sur les prix et les contraintes environnementales s'ajoutent à une demande faible, comme celle d'une industrie métallurgique en difficulté, les jeux sont faits : en Allemagne, le mois dernier, ThyssenKrupp a fermé son haut-fourneau BF9 à Duisbourg, bien qu'il s'agisse pour l'instant d'un arrêt temporaire ; en juillet, ArcelorMittal a abandonné la production de coke à Cracovie et a arrêté le haut-fourneau numéro 3 à D?browa Górnicza. Ce ne sont là que quelques-uns des exemples les plus récents.
Les problèmes se déplacent également du côté politique et social : en France, il y a quelques jours, une proposition de loi de La France insoumise - les radicaux de gauche - visant à ce que l'État nationalise 100 % des usines d'ArcelorMittal afin d'éviter 600 licenciements dans sept usines, dont le haut-fourneau de Dunkerque, a été adoptée par la commission des finances de l'Assemblée nationale avec l'abstention fondamentale du Rassemblement national, c'est-à-dire de l'extrême-droite.
En Grande-Bretagne, en avril dernier, le gouvernement travailliste de Keir Starmer a décrété d'urgence la mise en service substantielle de British Steel par crainte que la propriété chinoise ne ferme l'usine de Scunthorpe, la seule qui produise encore de l'acier à cycle intégré au Royaume-Uni.
C'est le même rôle que Taranto joue en Italie. Mais quelles seront les positions adoptées ici ?